L’histoire du village est liée intimement à celle de la seigneurie de Spontin et à la puissante famille de Beaufort-Spontin et de son château.
L’incertitude règne sur les premiers détenteurs de Spontin. Bertricus, moine de Stavelot cité en 1104, est peut-être de ceux-là car son abbaye possédait des propriétés nombreuses à Spontin et Durnal ; la cour de justice du lieu prenait de surcroît ressort à la haute cour de Stavelot.
Au début du XIIIe siècle, l’héritage des Spontin « de la première race » semble très sérieusement écorné, d’autant que le ban leur avait échappé dès avant 1266. Il sera cependant, sinon reconstitué, du moins égalé et même augmenté sous Guillaume I de Spontin. Fief de la prévôté de Poilvache, la terre de Spontin constitue dès le début du XIIIe siècle une seigneurie hautaine, dévolue à la famille de Beaufort-Spontin. Tout semble indiquer que cette famille entretenait des relations suivies avec le comte de Luxembourg, dans une région où le comte était en train d’affermir son autorité. C’est donc dans ce climat hautement favorable à l’établissement d’un homme de confiance, puissant et déjà bien nanti, que Pierre de Spontin a probablement bâti sa « maison », son donjon fortifié de Spontin, avec l’appui financier du comte de Luxembourg ; cela a dû se passer durant la décennie 1270-1280, sans doute un peu avant le début, en 1275, de la guerre dite de la Vache. Dès le début, le patrimoine initial des Spontin semble avoir été de belle ampleur ; il comprenait apparemment des biens-fonds importants à Spontin, Dorinne, Durnal et sans doute Purnode, qui devaient former un bloc d’un seul tenant.
Guillaume I, dit l’Ardinois (l’Ardennais), que les textes permettent de suivre de 1276 à sa mort en 1321, participe en 1288 comme écuyer à la bataille de Woeringen, aux côtés de Henri VI de Luxembourg, qui y sera tué. Cela lui vaut d’être promu chevalier l’année suivante et de reçevoir le ban de Spontin des mains de Henri VII. Ses descendants vont continuer à monter dans l’échelle sociale. Par mariage ou par achat, ils arrondissent sans cesse le patrimoine lignager qui se gonfle ainsi, au XIVe siècle, de diverses seigneuries. Plusieurs d’entre eux occupent des charges importantes ; de beaux mariages les lient aux plus illustres familles du temps. La puissante famille de Beaufort-Spontin, qui sera impliquée dans divers conflits armés, va dès lors tenir la seigneurie de Spontin pendant 10 générations jusqu’au début du XVIe siècle. La terre de Spontin subit notamment les ravages de la lutte entre le prince-évêque de Liège et le duc de Bourgogne ; elle est occupée en 1577 par les troupes des États lors de l’insurrection contre Philippe II.
En 1518, la seigneurie passe aux mains des Glymes de Jodoigne, seigneurs de Florennes et de Stave (1518-1747), avant de revenir en 1753, au hasard d’unions, aux Beaufort-Spontin, membres de l’État noble du comté de Namur (1753-1842), jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.